Le temps passe, plus ou moins lentement. Je suis bientôt à six semaines de cure.

Une assistante sociale et une infirmière du CSAPA m'ont rendu visite avant-hier. J'étais d'avis de revenir chez moi le premier août, au bout de six semaines (plus deux semaines de sevrage dans un autre centre) mais elles m'ont encouragé à rester, ce qui m'a fait furieusement cogiter, retardant mon endormissement.

Je n'ai pas grand chose de spécial à faire chez moi, mais j'ai également le sentiment de stagner dans ce service addictologie. Si je sors maintenant, je suis certain de me préparer une rechute. Ce ne sera peut-être qu'un écart, mais je ne veux pas me mentir à moi-même : je prendrais des risques. Mais je crois qu'il en sera de même dans quinze jours si je reste à l'hôpital. Je ne sais trop que faire.

Il y a autre chose qui n'a rien à voir avec la metha, une des patientes du service m'attire et je crois que c'est réciproque. En restant je pourrais la côtoyer un peu plus longtemps et apprendre à mieux la connaître (et réciproquement). Et plus si affinité comme on dit.

Les relations un peu trop étroites sont très fortement déconseillées, sinon interdite, mais je trouverais bien une solution.

J'ai vu le médecin ce matin, ça ne s'est pas bien passé. Elle m'a énervé. Hier après midi il y avait une réunion avec tout le monde, j'étais fatigué de l'aquagym et j'ai piqué du nez pour la première fois depuis que je suis ici. Le médecin me l'a reproché, insinuant que j'avais consommé ce qui était complètement faux. Elle a également sous entendu que j'avais consommé le week-end dernier chez moi, que je ne m'y prenais pas bien pour gérer mes cravings, que je ne parlais pas assez au personnel pour évoquer mes problèmes, bref elle a arrosé tous azimuts et je n'ai pas du tout apprécié. Je suis devenu agressif avant de me calmer et d'encaisser. Elle a diminué mon traitement du soir, pour dormir, ce dont je me contrefous. Mais je pensais rester deux semaines de plus, ce ne sera peut-être qu'une semaine, surtout si elle continue dans ce registre. Elle veut que je fasse une prise de sang et une méthadonémie, ils ne trouveront rien et tant pis pour la confiance.

Elle ne fait même pas confiance à ses propres tests, et quand elle a une idée en tête elle ne l'a pas ailleurs. De plus, elle est condescendante, ce qui m'horripile.

En dehors de ça, je me suis remis à lire comme au bon vieux temps, un bouquin tous les jours ou tous les deux jours, et surtout, des livres que je n'ai pas déjà lu trois fois, comme chez moi. J''en déduis que mes difficultés à lire proviennent en partie de là et qu'en m'inscrivant dans une bibliothèque bien fournie je continuerais à lire avec plaisir des bouquins que je ne connais pas.

En dépannant quelques personnes sur leur mobile ou leur PC portable, je suis devenu le monsieur ressource du service addictologie, les gens me sollicitent et ça m'occupe. Il n'y a que peu de reconnaissance, pour certains c'est tout juste si ce n'est pas à moi de remercier (j'exagère), mais ça ne me pose pas de problème.

Dans l'immédiat, je suis préoccupé par l'attitude et les propos du médecin, comme je l'expliquais plus haut. Elle a des qualités, mais ce matin elle les a bien caché.

Malheureusement pour moi, la bibliothèque ferme demain, pour travaux, et ne rouvrira qu'en septembre, alors que je serais certainement parti. Je vais me rabattre sur les autres curistes pour trouver de la lecture, même si ce n'est pas dans mon domaine de prédilection.

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