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delirium 2/2

 

Il y a une dizaine d'années, j'avais participé à une étude statistique sur les intéractions entre les substitués et l'alcool. Jamais eu d'échos, ça aussi ça m'aurait bien éclairé je pense. Je me suis fait une opinion tout seul, avec un risque d'erreur plus élevé.

Je vais rester environ un mois à 30mg avant de passer à 20. Si c'est trop difficile je ferais un pallier à 25 mais vu que toutes mes diminutions de metha se sont bien passées, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Que sera sera.

20 mg est un palier psychologique délicat pour moi, depuis 2003 je ne suis pas descendu en-dessous de 15mg, je me heurte à une barrière invisible et infranchissable, sans que je sache vraiment pourquoi. Ca fait dix ans que ça dure, et que je fais du yoyo entre 15 et 60 mg, avec une pointe à 160mg, ou je ne suis pas resté longtemps. Ca fait environ un an que j'ai commencé à baisser et je suis maintenant à 30mg comme je le disais, désolé de me répéter, c'est certainemant du à mon âge avancé ou à mon amour des patisseries. Sait-on jamais. Mon colocataire aurait placé sa phrase fétiche, “comme si c'était normal”. Il n'en a pas nécessairement la paternité mais en use avec une grande régularité.

Vu que ça fait une grande consommation, j'ai baissé de 40 mg à deux reprises, passant à 120mg puis à 80 mg, à cette allure ça va vite, mais ce n'est pas suffisant pour être stable. Il va bien falloir que je reste un moment à un dosage faible pour me stabiliser, entre 5 et 20 mg. Ca risque d'être délicat de ne plus être dans une optique de descente de la posologie et d'être sur le fil depuis un an. On verra dans un ou deux mois. Plutôt deux mois qu'un.

J'essaie de prendre modèle sur Nath qui a arrété la metha il y a quelques mois, et qui a baissé avec la metha sirop, elle a morflé en passant de 5mg à zéro, sommeil perturbé et manque, mais elle a tenu bon. Entre Nath et Paco, on se motive par l'exemple, et on se soutient de la même façon. C'est important d'avoir des amis proches qui vous stimulent. Ca vous encourage à faire de même.

Je suis le premier à avoir arrété de boire, mais ça faisait des années qu'on faisait des cures et qu'on faisait des arrêts momentanés avec Paco. Il a fait huit cures, j'en ai fait quatre, et finalement l'un comme l'autre on a stoppé chez nous sans cure. Il a participé à un groupe de parole, la croix bleue, et moi j'y ai mis le bout d'un orteil exploratoire, ça ne m'a pas plu, fin de l'histoire.

Nath est restée longtemps avec une consommation de une ou deux bières fortes par jour, puis alors qu'elle m'avait rendu visite chez moi elle a jeté sa bière dans l'évier. Elle a reconsommé deux bières quelques jours plus tard, puis s'est arrétée définitivement, sans craving ni trouble d'aucune sorte.

C'est Nath qui est la plus clean maintenant. Plus d'alcool ni d'opiacés, juste deux seresta 50 par jours. Je ne saurais évaluer sa dépendance à ces benzo, je sais seulement qu'elle n'a ni arrété ni baissé depuis des années. Paco a aussi un traitement d'antidépresseurs léger, mais a un gros soucis avec le shit, auquel il est sérieusement accro. Il est entouré de gens qui fument, ça ne l'aide pas. Mais il n'a plus d'opiacés depuis longtemps, ni d'alcool depuis trois ou quatre ans. Quand il parle de son parcours, c'est toujours plus. Il a arrété depuis de plus en plus longtemps, ça a été de plus en plus dur, il se raconte une belle histoire à laquelle il a l'air de croire, et se victimise. Je ne cherche pas à l'obliger à dire la vérité, qu'il dise ce qu'il veut et basta, ça m'est égal. Si ma mémoire est mauvaise, ça ne m'empêche pas de me souvenir de ses différentes versions de son histoire.

Quand à moi, je suis encore sous metha, je fume occasionnellement après avoir été fumeur chronique quotidien pendant des années, arrêt qui s'est fait sans difficulté particulière. Je ne fume même plus de tabac, mais suis passé à la cigarette électronique. Ca m'a permis de retrouver du souffle et de l'odorat, et une meilleure respiration. Plus d'alcool, de drogue illicite (à part fumer de temps en temps, mais ce n'est pas un soucis pour moi.) de benzo, de cachets en général hormis mon traitement associé sous contrôle médical. Mais depuis que Nova est ressorti de prison, il a remis ça avec ses sollicitations ad nauseam de cachets en tous genre et de metha. Son temps de prison a été béni pour moi, aucune sollicitations, j'en ai profité pour me refaire une santé clean, mais là Nova abuse. J'ai beau lui dire, lui demander de ne plus me proposer ses plans mirifiques, lui dire non avant pendant et après, il revient constamment à la charge comme un taureau qui charge aveuglément. Ca relève de la psychiatrie à ce niveau là. Sa kleptomanie idem. Quand il a besoin de fric il vole ses proches, proies plus facile parce que ayant un minimum confiance et ayant baissé leur garde. Je le cotoie depuis un peu moins d'un an et il me ressert son même discours, “j'ai changé, je ne volerais plus” mais il n'a pas changé ni arrété de voler. Quand on l'a entendu quelques fois, on est blindé et on n'y croit plus.

On a tendance à oublier qu'il n'a que 18 ans, il fait plus et cotoie des gens plus âgés. C'est un jeune tombé du nid. Ejecté du nid parce que sa mère l'a viré, ne le supportant plus avec ses vols et ses violences. Ca vous donne une idée du personnage, et du fait qu'il est insupportable quand il s'y met.

Il a tendance à boire de l'alcool sans réaliser les risques qu'il prend malgré mes mises en garde.

Il n'a pas beaucoup de résistance à l'alcool, il ne boit donc pas beaucoup. Et quand il a bu, il devient très bavard. Une vraie commère.

Bref.

Pour la metha, j'avais fait un fichier 2015-2016 pour mes baisses futures, pour avoir un cadre auquel me référer et ne pas aller trop vite ou trop lentement dans ma progression. Malgré cela, j'ai une quinzaine de jours d'avance. Je redistribue ces jours en essayant d'être le plus “sage” possible et sans occulter mes dosages. C'est du prévisionnel. Pour le présent et le passé proche j'ai un petit agenda papier qui est plus précis s'il y a un écart. Là c'est du quotidien. C'était nécessaire surtout avant, vu ma mémoire défaillante, en 2014 et avant. J'ai perdu ces fichiers antérieurs à septembre 2015, dommage, c'est une compilation de mes consommations que j'avais pris l'habitude de faire depuis des années. Ca permet d'éviter des écueuils genre surconsommation ou l'inverse. J'ai les données de février 2015 à septembre 2015 dans mon agenda papier. J'étais à 160 en fév 2015 et mars idem. J'ai fait du chemin depuis. 120 mg en 8 mois soit -15 mg/mois.

On a tendance à se leurrer facilement, et les chiffres ne mentent pas.

L'être humain est prédisposé à la croyance et à l'illusion, on réarange notre quotidien pour être en phase avec nos désirs et nos pulsions, personne n'y échappe, certains plus que d'autres. Une de ces illusions est de se persuader qu'on y est pas sujet et que notre vie est un crystal translucide (mais pas lucide).

Ca me fait très bizarre de me dire que je suis à 30mg, je craignais que ce soit plus difficile que ça ne l'a été. J'ai bien eu un sommeil plus léger et raccourcis, et mal au dos (mais je ne l'attribue pas à la metha) mais en gros ça s'est très bien passé. Je craignais pire. Je pensais faire des paliers de 5 mg, mais avec des paliers de dix ça l'a fait. J'ai demandé à mon médecin du zyprexa après avoir remarqué que ce médicament absorbait en quelque sorte une partie du manque et en facilitait le passage. Ca m'a bien aidé. Je n'ai jamais vu nulle part que le zyprexa aidait face au manque mais je me suis aperçu de cette aide par la pratique. Si ça ne procure de l'aide qu'à moi, ça ne me cause aucun soucis, ça peut être une question de métabolisme, et ce ne serait pas la première fois que j'ai des symptômes particuliers avec des médicaments ou la métha, quand c'est à mon détriment je me fais une raison et dans le cas contraire je m'en félicite. Je touche là aux limites de la pharmacologie et de la médecine. Je fais ma tambouille avec ce que j'ai appris et ma propre expérience. Qui va parfois dans un sens différent de celui de la médecine légale.

Il n'y a qu'a aller sur le site d'ASUD et lire un peu les témoignages pour comprendre que je ne suis pas le seul à avoir développé des tactiques personnelles pour gérer mes dépendances. Quand à la médecine, elle est évidemment appuyée par des médecins, et nombre d'entre eux sont des imbéciles bouffis d'orgeuil et d'arrogance qui pensent être les dépositaires de la vérité. Pardon, de la Vérité. Huit ou dix ans de formation n'y changent pas grand-chose. Les médecins, à preuve du contraire, sont des hommes et en tant que tel, sont sujet à l'erreur. Ca me rappelle mon ancien médecin traitant, qui me suivit pendant des années, à qui je n'avais rien dit de mon passé ou de mon suivi au CSAPA, qui acceptait mes paiements de ses consultations, et qui me sortit un jour que les tox étaient tous pareil, sale angeance, on en acceptait un et il y en avait dix qui se pointaient (traduction : ne jamais en accepter un). Il ne resta pas longtemps mon médecin. Il était totalement inconscient de ma dépendance et ne s'est jamais douté de rien. Je n'ai pas cherché à lui ouvrir les yeux, il avait l'âge de la retraite et son cas était au-delà de toute rédemption. De ma part en tous cas.

Heureusement, il y a de bons médecins, qui contrebalancent les mauvais. Quand on en trouve un on le garde précieusement. Ce qui semble impliquer (car ce qui est rare est précieux) qu'ils sont rares.

Mais non je ne règle pas mes comptes. J'émets juste un avis.

J'ai commencé à chercher un petit portable pas cher qui me permette de palier à mes différentes carte SIM. Et aux problèmes qu'elles me posent.

Il y a un loup avec mon portable. C'est la seconde carte SIM qu'il me flingue. Ou alors je fais une mauvaise manip à la chaine, mais je connais assez les différentes versions d'Android et les smartphone pour ne pas tomber dans le panneau. Et puis c'est les cartes SIM qui flanchent sans que j'y touche d'où mes doutes : que se passe-t-il ?

Un second portable m'éviterait ce qui s'est passé jeudi dernier : j'avais pris mon vendredi mais le service qui gère les collègues a voulu me joindre pour me dire de venir travailler le vendredi sous prétexte que je n'avais plus de congés, ce qui est faux : j'ai 5 jours de congés posés en décembre, et il est possible de taper dans ce reliquat pour le redistribuer. Je soupçonne l'origine de cet appel mais je ne dois pas critiquer dieu le père, donc je n'en dirais pas plus, sinon que c'est une bonne chose qu'ils aient été dans l'incapacité de me joindre, ça m'a épargné d'annuler mon RV de vendredi au CSAPA et de venir bosser le vendredi. Je me suis juste fais remonter les bretelles car il faut que ce service gestionnaire puisse à tout moment savoir où se trouvent les fonctionnaires et comment les joindre. J'ai encore été le vilain petit fonctionnaire. Honte sur moi. Shame on me.

Tout ça pour dire qu'un second portable est une solution intermédiaire possible. Ca fait longtemps que je le sais et j'ai parfois mis en pratique cette idée, mais les gens ne comprennent pas. On a pourtant deux oreilles, pourquoi pas deux portables ? Oubliez cette considération, je n'ai plus qu'une oreille fonctionnelle. Mouais. Trahi par la morphologie claudienne. Supposons un instant qu'une personne ayant deux oreilles qui entendent correctement et qui… Non, mauvaise idée. Un individu lambda a son téléphone qui tombe en rade, ce qui m'est arrivé une paire de fois, quel option lui reste-t-il pour passer un appel important et urgent ? Il (ou elle) a essayé de redémarrer son téléphone, en pure perte. Que faire ? Zat ize ze couestcheun.

Parfait bilingue le claude. Avec un accent du sud (de quoi ? Aucune importance, les béotiens boucheront les trous comme ils l'entendent.) qui chante, un pur régal pour l'oreille (la bonne).

Pour en revenir au portable, je vais peut-être investir dans un Wiko, smartphone pas cher et avec double sim, comme ça je pourrais avoir six conversations en même temps. Si si, c'est possibeul.

Je crois que je vais arréter l'anglais pour le moment, et revenir à la langue de Rabelais.

J'en ai marre des samsung, je n'ai que de la mauvaise pub à leur faire, maintenant j'éviterais.

Et je vois mon père et ma sœur qui ont tous deux acheté un galaxy S5, et sont emmerdés avec, tout ça me conforte dans l'idée qu'il y a mieux ailleurs. J'ai utilisé un windows phone, je ne prétends pas avoir tout compris de leurs machines, mais ils ne m'ont jamais fait défaut pour passer un appel. Au point que je me dis qu'avec un petit investissement supplémentaire je peux en racheter un, j'en ai vu à 150 euros environ. Sinon je peux aussi me moquer de ces détails et investir dans un téléphone à 20 euros, ça marche sans fioritures et c'est tout ce qu'on leur demande. On trouve son bonheur pour moins de 100 euros, il suffit de chercher.

Nova et Paco ont tous deux des téléphones bas de gamme, et ça ne les gène pas, ça fonctionne très bien. Coût : 25 euros environ. Pas de quoi pondre une pendule… Je connais une autre version de ce précieux adage, nettement plus scatologique, et que j'ai préféré vous épargner. Je n'ai qu'une affinité modérée des vannes type stade anal. Je ne trouvez pas ça drôle en fait. Je trouve ça normal chez un enfant de 3-4 ans, moins chez un adulte.

Un petit test peut être révélateur : demandez à une personne de dire « prout », puis « prout prout » (2 fois) puis une série de prouts. Si la personne arrive à dire ces prouts sans piquer un fou rire, il y a de l'espoir, si la personne s'étrangle de rire au premier ou au second prout, le cas est au mieux litigieux. Au pire on a affaire à un stade anal mal résolu (en réalité, il peut y avoir d'autres raisons, mais ça fait passer un bon moment, et vous aurez l'air de détenir un savoir psychologique non négligeable).

 

 

 

klodd | 10/28/2015
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